« J’ai cinquante balais et des poussières. L’heure de faire un peu le ménage. Aujourd’hui, le monde qui m’a vu naître est en voie de disparition, j’aurai bientôt trente ans de carrière, l’orphelin est papa, l’humoriste a ses humeurs. Bref, je me dis que j’ai assez de bouteille pour honorer l’existence en lui retirant ses bas et en revisitant ses hauts. Je me penche sur le mystère d’une identité sectionnée, je me raconte pour rechercher la trame d’une filiation perdue. Le rire fut ma théra-pitre, ma re-création, j’ai fait le clown comme pour excuser la faute. Je reviens me chercher afin d’offrir l’espoir à ceux pour qui la vie n’est qu’un double point d’interrogation. »
C’est ainsi que Smaïn résume son parcours, sous forme d’hommage pour ses parents adoptifs. « Malheureusement, cela fut trop bref. Ils sont partis trop tôt. Je ne les ai vraiment connus que dix ans, c’est court. Mais je me souviens de maman, c’était une femme très pudique, discrète, effacée. Papa était un homme très aimé dans le quartier. Tout le monde le connaissait. Ils se sentaient responsables au regard de l’assistance publique. »
Abandonné à l’âge de 2 ans et recueilli par une assistante sociale qui le nomme Smaïn Fairouze – son deuxième prénom lui servant de patronyme – Smaïn est adopté, puis placé en foyer à 12 ans. Son père adoptif vient de décéder et avec son salaire de femme de ménage, sa deuxième maman se retrouve dans l’impossibilité de subvenir à ses besoins.
Peu de temps après, il apprend le décès de sa mère adoptive « de manière extrêmement douloureuse » : « Je suis en colonie de vacances. On est un groupe d’adolescents et la directrice du camp vient nous rejoindre en disant « Je viens d’avoir un coup de fil, on vient d’apprendre la mort de la mère de Smaïn ». Je suis dans le groupe, elle ne me voit pas, et je prends ça dans la gueule ».
Au retour de la colo, une seconde réalité heurte le jeune Smaïn de plein fouet : fils unique, il n’a plus personne. « Ma mère est morte, elle est décédée, et je me retrouve tout seul à descendre du car. Tous les parents de mes camarades sont là et moi je suis tout seul. Et je prends le métro, je rentre tout seul », se souvient l’humoriste, le regard grave.
Heureusement pour lui, avant de disparaître, la maman de Smaïn, sachant ses jours comptés, avait pris ses dispositions pour que le jeune garçon ne soit pas laissé à l’abandon et avait demandé à une de ses amies de s’occuper de lui. Cette amie, « elle s’appelle Barka et elle ne m’écoute pas parce qu’elle est au Maroc, mais c’est aussi ma seconde maman, s’émeut l’artiste. Ma troisième maman. »
Je reviens me chercher, de Smaïn Fairouze – Paru aux éditions Michel Lafont – 26/05/2011 – ISBN : 9782749914343 – 328 pages – Prix : 17.95 €