Estaban Bullrich fait partie des 38 sénateurs sur 72 qui ont voté contre la légalisation de l’avortement avant la 14e semaine de grossesse parce que « sans maternité, nous n’avons pas de futur. L’avortement est un échec social. La maternité ne devrait pas être un problème ».
Elle ne l’est pas, en effet, pour « les riches qui peuvent avorter de façon sécurisée alors que les plus pauvres sont condamnées à l’infection ou à la mort », selon le cinéaste Pino Solanas qui dénonce l’hypocrisie de la classe dirigeante.
En Argentine, Selon Amnesty international, 500 000 avortements seraient pratiqués chaque année en Argentine, dont certains avec un médicament destiné à soigner des ulcères, le Misoprostol. 50 000 d’entre eux donneraient lieu à des complications et une cinquantaine de femmes en mourraient.
Aucun parti n’a réussi à s’accorder sur une position commune.
La majorité du gouvernement du président Maurico Macri avait pris position contre le texte, tout comme l’ancienne présidente Cristina Fernandez de Kirchner avant qu’elle ne revoie sa position depuis, expliquant que « ce sont les milliers de jeunes filles qui ont manifesté dans la rues pendant des semaines qui m’ont fait changer d’avis ».
La vice-présidente de la République, Gabriela Michetti, a quant à elle proposé de restreindre le droit à l’avortement en l’interdisant même en cas de viol.
Le président du Sénat, Federico Pinedo a, lui, proposé de créer des centres pour accueillir les femmes enceintes où l’État prendrait en charge l’ensemble des frais de logement, de nourriture, d’habillement et médicaux jusqu’à la naissance de l’enfant, enfant qui serait proposé ensuite à l’adoption. Seuls 8% des enfants des orphelinats sont adoptés.
C’est la première fois qu’un texte sur l’avortement est examiné au Parlement argentin, après quatre tentatives infructueuses. Désormais, il leur faudra attendre au moins un an pour qu’un nouveau texte soit soumis au vote des parlementaires.
En Amérique latine, seuls trois pays autorisent le libre accès à l’avortement : Cuba, le Guyana et l’Uruguay. Six pays l’interdisent totalement, dont le Salvador, où la condamnation de Teodora Vasquez à trente ans de prison pour « homicide aggravé » après avoir fait une fausse couches dans les toilettes de l’école où elle travaillait, avait défrayé la chronique (elle a été libérée en février 2018 et peut désormais, à 34 ans, s’occuper de son fils de 14 ans). Huit autres le tolèrent dans des cas très limités (viol, mise en danger de la vie de la mère, fœtus non viable).