Jacques Wilmart est de ces hommes qui suscitent l’admiration ou la haine, mais plus rarement des sentiments mitigés.
C’est plein d’une colère toujours perceptible que le pilote belge de 74 ans, impliqué dans l’affaire de l’Arche de Zoé, a voulu livrer, sous la plume de la journaliste Christelle Gilquin, sa vérité sur l’aventure qui l’a conduit dans les prisons tchadiennes, avant d’être blanchi. Emmenés par Eric Breteau et Emilie Lelouch, les membres de l’association étaient partis au Tchad avec l’ambition cachée d’exfiltrer vers la France des orphelins du Darfour qui, pour la majorité, n’étaient ni sans famille ni originaires de la province soudanaise.
L' »idéaliste » animé d’une « compassion » qui « altère parfois (son) jugement » – comme il le reconnaît lui-même – raconte au fil des pages sa participation à l’opération de Children Rescue, les conditions de sa mission, son arrestation et son emprisonnement. Jacques Wilmart témoigne d’un véritable respect pour ses compagnons (condamnés, emprisonnés puis graciés), en particulier pour l’infirmière Nadia Merimi, « extrêmement dévouée »
Jacques Wilmart, qui relate aussi les faits d’armes de sa carrière, n’épargne pour le reste pas grand-monde. En tout cas pas la justice tchadienne – « instrument d’un Etat de non-droit » -, ni la France – « guidée par des intérêts politico-économiques suspects » – ni même la consule de Belgique. Ceux qui vouaient le pilote aux gémonies le détesteront plus encore à la lecture de son livre; mais ceux qui portaient Jacques Wilmart aux nues l’admireront probablement davantage.
Arche de Zoé – La vérité du pilote, de Jacques Wilmart et Christelle Gilquin – Ed. Luc Pire, Belgique, 2008.
Source : Lalibre.be du 25/04/2008.