Elle parle de son passé comme « d’une espèce de brouillard ». Depuis sept mois, Marie Bonheur vit dans une unité médicale à Perpignan. « Je n’ai pas besoin d’être dans cette structure. Je ne suis pas malade. Je ne prends aucun médicament. Je suis en pleine forme ».
Marie Bonheur, c’est un joli nom, mais ce n’est pas le sien. C’est celui qu’elle s’est choisi depuis qu’en février dernier, des passants l’ont trouvée inconsciente et couverte d’ecchymoses près de la gare de Perpignan. À son réveil aux urgences, elle avait tout oublié. Jusqu’à son propre nom. « Je me suis retrouvé devant le problème suivant : qui suis-je ? J’étais dans une espèce de brouillard. » Ce brouillard ne s’est toujours pas levé depuis.
L’enquête de police n’a rien donné. Marie Bonheur ne « matche » avec aucune personne signalée disparue. Elle ne semble pas non plus être originaire de Perpignan. « Je suis comme un chien perdu sans collier ».
Marie Bonheur n’a pas d’argent. Elle vit de ce qu’on veut bien lui offrir. Mais surtout, Marie Bonheur n’a plus de droits : ni couverture sociale, ni accès à l’aide juridictionnelle. Pour la société, elle n’existe pas. « Il y a forcément des gens qui me connaissent » espère-t-elle avec, sans doute, un brin d’appréhension sur ce qu’elle pourrait « apprendre » de sa propre vie.
Si vous pensez reconnaître Marie, vous pouvez appeler le 06.38.13.77.37 ou envoyer un mail à appel.temoin.marie@gmail.com
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Après sept mois de mystère, Marie Bonheur, 65 ans, a été identifiée grâce à ses voisins, persuadés que son long silence était dû à un déménagement. A.C., ce sont ses initiales, ne vivait à Perpignan que depuis douze ans. Elle est originaire d’Alsace, et vivait recluse dans un petit deux-pièces, sans eau ni électricité, au deuxième étage d’une maison au fond d’une impasse, depuis le décès de son compagnon une dizaine d’années plus tôt.
D’après un autre témoin qui aurait appelé les secours le jour où elle a été découverte sur la chaussée, c’est en voulant traverser la route qu’elle aurait trébuché, serait tombée à plat ventre et aurait perdu connaissance… et la mémoire.
Sources : Leparisien du 17/09/2018 et Ladepeche.fr du 19/09/2018.