C’est un véritable exercice de généalogie auquel nous avons dû nous résoudre pour retrouver le père naturel de Guillaume L., Gilles A. Une enquête laborieuse mais ô combien palpitante que nous a confiée Elodie, sa future épouse, en ces quelques termes :
« Nous voici prêtes pour lancer les démarches de recherche du père de mon futur mari avec l’aide de sa mère Catherine L. Mon futur mari Guillaume L. a l’envie de le retrouver mais également peur d’un second abandon. C’est pourquoi aujourd’hui nous préférons faire la démarche nous-même afin de le protéger de cette éventualité.
Sa mère a déjà essayé de retrouver cette personne il y a quelques années à la demande de son fils mais en vain. De mon côté, des recherches ont été faites mais aucune trace (…).
Pour ce que je connais de l’histoire, Mme Catherine L. et M. Gilles A. ont vécu une histoire d’amour sur Paris dans le 17eme en 1977. Cependant, quand Mme L. est tombée enceinte, pour lui, ça n’était pas le bon moment et bien qu’il ait eu le choix de prendre une place dans la vie de cet enfant, il n’a pas fait ce choix même après l’accouchement. Je me dis qu’il est fort possible que ça ne soit qu’une erreur de jeunesse et que peut-être ce monsieur serait ravi de connaître son fils aujourd’hui.
D’autant que Guillaume ayant quitté la région parisienne avec sa mère l’année de ses 3 ans, il est fort possible que ce monsieur n’ait pas pu reprendre contact si toutefois il a essayé de faire cette démarche.
Nous n’avons aucune photo ni document officiel le concernant. »
Pour débuter cette enquête, nous avons rassemblé l’ensemble des informations connues sur notre « disparu », Gilles A.
– Il serait né en septembre 1949 ;
– Il était célibataire en 1977 ;
– Il tenait un commerce de fripes dans le 17e arrondissement de Paris, vers la Porte de Clichy ;
– Il louait un appartement également dans le 17e, vers la Porte de Clichy ou la porte d’Asnières ;
– Il était fils unique, avait perdu son père et rendait visite à sa mère – âgée de 60/70 ans – en maison médicalisée à Rueil-Malmaison ;
– Il avait de la famille en Bretagne.
Notre point de référence se situant dans le 17e arrondissement de Paris, nous avons effectué une recherche approfondie dans les archives de cet arrondissement pour les années 1976 à 1979. Nous avons trouvé trace d’un certain M. Gilles A., « chemisier Habilleur » au 70 avenue de Clichy, parmi les abonnés au téléphone de l’année 1977. Son téléphone professionnel était alors le : 387 70 54.
Renseignements pris auprès des Télécommunications, les dossiers des abonnements téléphoniques sont détruits un an après la clôture de la ligne. Cette piste, destinée à obtenir les date et lieu de naissance de l’abonné, s’effondrait.
Nous savions aussi que Gilles A. rendait régulièrement visite à sa mère, dont nous ignorions l’identité, dans une maison médicalisée de Rueil-Malmaison où elle était soignée pour une longue maladie.
Effectivement, une dénommée Antoinette A., née E. en 1911 à Paris 6e figurait bien dans les archives des Hauts-de-Seine. Il était indiqué qu’elle était décédée en septembre 1977, à l’âge de 66 ans, à Rueil-Malmaison.
Elle était domiciliée à Paris 17e, entre la Porte de Clichy et celle de Champerret.
Elle était coiffeuse.
Elle était veuve depuis 1976 de André A., un mécanicien également né à Paris en 1911, qu’elle avait épousé en 1937 en région parisienne.
Il s’agissait donc bien de la mère de Gilles A.
Restait à tirer sur ce fil familial pour espérer retrouver Gilles…
Antoinette a vu le jour à Paris mais ses origines sont bretonnes. Son père Jean E. et sa mère Marie LE N. ont grandi entre Malguénac et Cléguérec, deux villages voisins du Morbihan. Mariés en 1909, ils sont « montés » dans la foulée à la Capitale pour y trouver du travail. Installés dans un premier temps à Pantin, où André, le frère d’Antoinette voit le jour en 1909, ils déménagent en 1911 à Bicêtre, avant de se fixer à St-Denis.
Le père de Gilles, André Lucien A., a lui aussi grandi dans une famille itinérante, déménageant au gré des emplois de la Côte d’Or, fief de son grand-père paternel Louis, à l’Yonne d’où son père Jean-René A. était originaire, puis dans d’innombrables communes de la banlieue parisienne.
A sa naissance en 1911, son père Jean-René A. et sa mère Marie P. viennent de quitter Charenton, où ils vivaient avec ses grands-parents paternels (Louis Lucien A. et son épouse Marie B.) pour s’installer à Paris 20e, où ils ne restent que quelques mois.
L’année suivante, on les retrouve à Clamart puis en 1937, à Levallois, le temps de marier leur fils.
André vient de quitter un emploi de représentant au Rex à Paris pour devenir ajusteur et suivre ainsi la trace de son père, désormais chef d’atelier chez Continental Colombes, une usine de pneus.
Le jeune couple s’installe à St-Denis, non loin des parents et du frère d’Antoinette E.
« Première rencontre avec Jean, un moment magique et unique. Manque plus que Anne !
Nota : il voit notre père en moi et apparemment beaucoup de ressemblance. »
SMS de Guillaume, le 23/8/2016
Les parents d’André, eux, ont repris la route, pour Le Mans cette fois, en 1939. Jean-René y a trouvé un emploi de chef d’atelier mécanique. Il s’éteint trois ans plus tard, en 1942, à l’âge de 57 ans.
A la fin de la guerre, André A. et son épouse Antoinette partent s’installer à Paris 17e arrondissement. Ils louent un appartement de la Ville dans le 17e arrondissement, qu’ils partagent avec leur fils unique… Jean-Gilles, et non Gilles… ! … né en 1948, et non en septembre 1949, à Paris.
Cette enquête illustre bien toute la difficulté de retrouver une personne dont on ignore l’identité exacte. Il a été nécessaire de « remonter » toute sa généalogie pour « redescendre » jusqu’à lui et parvenir à l’identifier.
Nous n’avons pu, hélas, mettre Guillaume et son père en contact, ce dernier étant décédé quatre ans auparavant. Mais en poursuivant nos recherches, nous avons découvert l’existence de deux autres enfants, Jean et Anne, nés après Guillaume d’une autre union. Ils connaissaient l’existence de leur frère aîné et attendaient un signe de sa part, n’ayant eux-mêmes que trop peu d’informations à son sujet pour le retrouver.
Guillaume, Jean et Anne ont sauté sur la première occasion pour faire connaissance … et nous envoyer ces quelques mots et clichés, témoins de leur bonheur.