Pendant la dictature argentine, les militaires ont fait disparaître des opposants par milliers. Ils enlevaient définitivement leurs bébés aux mamans incarcérées. Victoria a vécu cet enfer. « Les horreurs de l’Histoire, en Argentine et partout ailleurs dans le monde, doivent être dites pour ne pas demeurer impunies. Le témoignage est un devoir » écrit Alberto Manguel dans sa préface du remarquable ouvrage de Victoria Donda, « Moi, Victoria, enfant volée de la dictature argentine ». Un livre qui parait ces jours-ci chez Robert Laffont.
Dans ce texte-témoignage, Victoria Donda, actuelle député à Buenos-Aires, revient sur une période noire de l’Argentine, celle de la dictature militaire consécutive au coup d’Etat de mars 1976.
Les bébés enlevés à leurs mères
Une période pendant laquelle, dans les prisons militaires, des centaines de bébés furent enlevés à leurs mères et « vendus ou donnés à des sympathisants du régime ». Victoria est l’un de ces bébés. Pendant plus de vingt-cinq ans, elle va vivre dans une famille qu’elle imagine être la sienne. Le courage de sa grand-mère maternelle Leontina, l’action opiniâtre des grands-mères de la Plaza de Mayo et la plainte anonyme d’une femme se souvenant d’avoir vu un militaire remettre à un couple un bébé avec un fil bleu passé dans les oreilles permettront à Analià de recouvrer, à vingt-sept ans, sa véritable identité. Un témoignage particulièrement émouvant d’une jeune femme coupée entre deux identités.
« Une cruauté illimitée »
Le responsable de la disparition des parents de Victoria n’est autre que son oncle Adolfo. « Il est la preuve vivante, écrit Victoria, de l’existence d’une cruauté illimitée, d’autant plus terrifiante qu’elle s’abrite derrière un supposé code de conduite militaire… »
Un texte fort contre toutes les dictatures. « J’espère ainsi montrer qu’en dépit de l’orchestration systématique du mensonge, la vérité finit toujours par s’imposer […] Je m’appelle Victoria Donda. »
Victoria Donda est actuellement, à 32 ans, la plus jeune députée du Parlement argentin.
Un document de Victoria Donda – Editions Robert Laffont – 20 €
Source : B. V. pour Paris-Normandie.fr du 27/02/2010.