Rosa-Maria et Daniel sont espagnols. Ils vivent ensemble depuis 25 ans, sont « pacsés » depuis 1997 et ont deux enfants, Cristina, 17 ans et Ivan, 9 ans. Rien d’extraordinaire … Sauf qu’ils sont frère et sœur ! Si l’histoire d’amour des Moya Pena n’est pas un inceste comme les autres, c’est qu’ils n’ont découvert leur lien de parenté que plusieurs mois après leur rencontre banale dans une discothèque de Madrid. Rosa-Maria avait alors 17 ans et travaillait comme employée de maison après avoir passé toute son enfance, avec un frère jumeau, à l’Institucion Nuevo Futuro, une œuvre d’adoption de la Capitale espagnole.
Rosa-Maria, ainsi que quatre autres frères et sœurs issus du même père dont elle ignorait également jusqu’alors l’existence, avaient été abandonnés par leur mère Carmen. Seul Daniel avait été élevé par leur père, Juan, jusqu’au décès de ce dernier, atteint d’une cirrhose. Il avait 13 ans. Repris par sa mère, dont il fait enfin la connaissance, il tombe amoureux de Rosa-Maria l’année de ses 21 ans, au cours d’une permission militaire.
C’est en allant la chercher chez ses patrons un soir qu’il en vient à lui demander son nom de famille. « Moya Pena », lui dit-elle. « C’est impossible, c’est moi Moya Pena ! », lui répond-il. Ils comparent leurs pièces d’identité : tous deux sont les enfants de Juan et de Carmen Moya Pena.
Passé le premier choc, ils décident de mettre un terme à leur relation. Mais, toujours très amoureux l’un de l’autre, ils se revoient cinq mois plus tard. Un dilemme se pose cependant : la maternité et les problèmes de consanguinité qui pourraient survenir. Après de nombreuses analyses génétiques, l’ensemble des médecins consultés se prononcent en faveur d’une grossesse. En 1986, Rosa-Maria donne le jour à Cristina, puis en 1994 à Ivan. Aucune anomalie héréditaire n’est décelée chez eux.
Rosa-Maria et Daniel décident de vivre leur histoire au grand jour. En 1997, le maire de Cambre, la petite ville de Corogne où ils se sont installés, accepte de les « pacsés ». Un arrêté municipal hors du commun est mis au point par cette commune qui élargit le Pacs traditionnel aux « unions de deux personnes et plus ». Ce pacte de solidarité unique au monde permettra ainsi à trois veufs Cambrésiens, retraités et sans héritiers, de mettre en commun leurs revenus afin d’accroître leur niveau de vie de leur vivant et de faire bénéficier les survivants de leur succession en cas de décès.
Aujourd’hui, Rosa-Maria et Daniel sont considérés comme un couple « ordinaire » en Espagne. Il ne manque qu’une pièce au puzzle de leur vie : un frère de 41 ans, originaire de Ponferrada dans la Province espagnole de Léon, le seul qu’ils n’ont pas retrouvé et qui a été adopté par l’intermédiaire de l’Institucion Nuevo Futuro de Madrid par un couple de Français : Miguel-Angel Moya Pena.