En août 1944, une jeune Française âgée de 15 ans, Marcelle Bouyer, se porte volontaire aux côtés de l’armée américaine pour soigner les blessés et combattre l’ennemi lors de la bataille de Brest. Les GI du 115è Régiment d’Infanterie Américain, Warren W. Finke, Wayne W. Rankin et le Commandant Raymond E. Moon n’en apprennent guère plus sur cette jeune fille discrète qui partage leur quotidien mais ils ne l’oublieront jamais.
En 1948, dans un ouvrage consacré à leur régiment paru aux éditions Infantry Journal Press Inc., ils lui dédient un paragraphe entier : « Ce jour-là, la Compagnie « G » devait rencontrer l’héroïne de la Bataille de Brest et c’est une jolie jeune fille brune qu’ils aperçurent. Elle travaillait pour les FFI.
Cette jeune femme, Mme Marcelle Bouyer, était en train de donner les premiers soins à un jeune homme blessé au combat. On lui avait ordonné de quitter le front mais elle refusa, arguant qu’elle préférait rester là où elle pouvait se rendre utile. Ignorant la peur et les autorités, elle resta avec la Compagnie « G » tout au long de la bataille, vêtue de l’uniforme américain et d’un brassard à croix rouge. Occasionnellement, elle se rendait au quartier général de la Croix Rouge mais elle retournait toujours au front où elle pouvait apporter aide et réconfort aux blessés. Après la Bataille de Brest, elle resta avec la Compagnie Cannon et rejoignit le Régiment en Allemagne où elle resta plusieurs mois avant de retourner dans son Paris natal ».
Pour Warren W. Finke, alors sous-lieutenant à la Compagnie « F » voisine, « Marcelle était bien plus qu’une mascotte : c’était une héroïne. Avec son gros Doberman noir, son émetteur-radio et son fusil à l’épaule, elle n’hésitait pas à tirer sur les Allemands. Elle nous suivait partout où le danger était ».
Cinquante ans après, ces courageux vétérans ont fait le voyage jusqu’en Charente-Maritime pour retrouver leur « petite héroïne Française » qui n’a rien perdu de son innocence. « Ils me faisaient réciter l’alphabet américain en chantant », se souvient-elle, émue. Pour ceux qui la surnommaient « la plus belle », Marcelle « est restée la femme libérée qu’elle était. Les Français peuvent être fiers. Et qui plus est, elle est modeste ».
Photo : Les GI du 115è Régiment d’Infanterie Américain, Warren W. Finke, Wayne W. Rankin et le Commandant Raymond E. Moon retrouvent Marcelle Bouyer.