Irina Lucidi devant une forêt de micros et de caméras s’est adressée mercredi après-midi depuis la Suisse à « toute personne qui a vu quelque chose ou aurait pu être sur ce ferry. Si vous pouviez contacter la police et référer toute information qui pourrait aider la police… Tout événement même si ça ne vous parait pas grand chose » a martelé la maman.Cet appel intervient alors que l’itinéraire du père de famille suisse (photo) se précise mais les deux fillettes sont toujours introuvables. Matthias Schepp, retrouvé mort vendredi en Italie après avoir disparu avec ses jumelles, « était sur le bateau Scandola de la Compagnie méridionale de navigation (CMN), reliant Marseille à la Corse», a indiqué le procureur de la République à Marseille, Jacques Dallest. Ce dernier affirme également que les fillettes ont aussi été aperçues à bord par plusieurs témoins.
« On sait depuis hier mardi 8 février par des passagères du bateau entre Marseille et Propriano (Corse) qu’il était avec ses petites filles», a déclaré le procureur lors d’un point de presse au palais de justice de Marseille.
« Une voisine de cabine explique qu’elle a entendu des pleurs d’enfant dans la soirée et qu’un peu après, elle voit les petites filles et elle en reconnaît une formellement », explique le procureur. Cette voisine de cabine affirme ensuite avoir « vu les deux petites filles dans l’aire de jeux du bateau ».
Les enquêteurs perdent la trace des fillettes après la traversée, même si un témoin, « un homme âgé », à Propriano, affirme « avoir vu de loin descendre à pied un homme et deux enfants », sans être en mesure d’identifier les petites filles. Selon les premiers éléments de l’enquête, le père des fillettes n’était jamais allé en Corse auparavant.
Si les enquêteurs savaient déjà que Matthias Schepp avait acheté trois billets pour gagner la Corse en ferry, la présence des fillettes n’avait pas encore été avérée sur le bateau. Jusqu’à ce mercredi matin, parmi les pistes envisagées par les enquêteurs, se trouvait celle, très pessimiste, de l’éventualité que le père ait pu se débarrasser des fillettes pendant la traversée. Hypothèse qui pourrait être remise en cause par le témoignage encore à vérifier du vieil homme de Propriano.
La mère a reçu par courrier l’argent retiré par le père
Ce nouvel élément intervient quelques heures après une autre découverte, qui laisse présager du pire. La mère des jumelles a reçu par la poste l’argent retiré par le père des fillettes à Marseille (Bouches-du-Rhône), avant qu’il se suicide en Italie. «Il y a quelques nouvelles ce matin. On a reçu plusieurs courriers envoyés d’Italie, du village où (Matthias Schepp) s’est suicidé, renvoyant tout l’argent retiré à Marseille. Ce sont des billets de 50 euros pour un total d’environ 5 000 euros», a expliqué à la presse Valerio Lucidi devant le domicile de sa soeur à Saint-Sulpice (Suisse). «Il n’y a aucune lettre qui accompagne l’argent. Cela nous inquiète car l’hypothèse qu’il aurait payé quelqu’un pour garder les enfants ne tient plus».
Sur une carte postale, Matthias Schepp se disait désespéré
Alessia et Livia, 6 ans, ont été enlevées dimanche dernier en Suisse par leur père, Matthias Schepp, 43 ans. Le corps de ce dernier a été retrouvé quelques jours plus tard, vendredi, en gare de Cerignola, en Italie. Il s’est suicidé en se jetant sous un train. Depuis, aucune trace des fillettes.
Ce week-end, Interpol a lancé une alerte à ses 188 pays-membres. Dans un communiqué, l’organisation policière internationale, basée à Lyon, livre une description exacte des jumelles : « Au moment de leur disparition, Livia portait un T-shirt vert, un jeans, une veste de ski violette et des baskets Adidas, et Alessia un T-shirt à bandes rouges et blanches, un jeans, une veste marron et des chaussures noires. Les deux fillettes sont blondes et mesurent 1,15 mètre ». Un autre appel à témoins a été également été lancé sur Facebook. De Marseille, le père a écrit à sa femme, avant de mettre fin à ses jours. Vivant mal leur séparation, Matthias Schepp lui avait adressé une carte postale dans laquelle il se disait désespéré et affirmait ne pas pouvoir vivre sans elle.
Source : LeParisien.fr du 08/02/2011.