Sur le point de prendre l’affiche au Prospero, la pièce Pig de l’auteur québécois Simon Boulerice, qui a connu un succès l’année dernière lorsqu’elle a été présentée la première fois, raconte l’histoire d’un garçon déchiré entre ses deux mamans. Costumé en cochonnet, il disparaîtra le soir de l’Halloween.L’auteur Simon Boulerice, qui s’est notamment fait connaître pour ses pièces de théâtre (il en a écrit une dizaine), ses livres pour enfants et ses recueils de poésie, nous montre ici son savoir-faire dans un univers d’adultes, même si son écriture ludique ne demeure jamais bien loin. Pour preuve, l’auteur a puisé son inspiration dans le célèbre conte Les trois petits cochons pour l’écriture de Pig. Lui qui a connu du succès avec son deuxième roman destiné aux adultes, Javotte, la méchante sœur de Cendrillon sortie du conte, lequel vient tout juste d’être adapté au théâtre, présente néanmoins dans Pig un univers plus sombre. « Le metteur en scène, Gaétan Paré, a choisi d’assombrir mon écriture », explique Simon Boulerice. « Il y a le côté ludique d’un enfant, puis surviendront le suspense et la tragédie. »
Ainsi, on retrouvera Paul, un enfant de neuf ans solitaire, qui a deux mères. D’abord Claire, la mère biologique de Paul, interprétée par Marie Charlebois, et sa conjointe, Phoebe, campée par Violette Chauveau. « Claire est en rémission d’un cancer du sein, elle est beaucoup plus cinglante que Phoebe qui, elle, est joyeuse et dynamique. Un véritable rayon de soleil », indique l’auteur.
C’est le soir de l’Halloween que le drame surviendra, alors que Paul manquera à l’appel. L’enfant s’est-il perdu ou a-t-il fugué ? Pire encore, s’agirait-il d’un enlèvement ? On en viendra même à soupçonner Sunny, le baby-sitter bien présent dans la vie de Paul. Après tout, il est un peu bizarre. C’est lui qui lui a fait découvrir l’univers cinématographique de Polanski, à qui on doit Rosemary’s Baby. Du même coup, il lui fait découvrir sa femme, l’actrice américaine Sharon Tate, sauvagement assassinée par la secte du gourou Charles Manson. Nous voilà plongés dans l’horreur, bien loin des contes de fées. « Il y a quelque chose d’étrange chez Sunny », fait remarquer l’auteur qui a écrit douze versions de Pig avant d’obtenir la version finale qu’il souhaitait. « Si au départ la pièce est plus légère, on plongera ensuite dans une espèce de cruauté. »
Plusieurs couches
Outre la disparition de l’enfant et le profond désarroi que vivront les deux mamans, la pièce comporte plusieurs autres couches. « On verra que Claire est en quelque sorte jalouse du lien qui unit son fils à sa conjointe », révèle Simon Boulerice. « La pièce porte également sur une forme subtile d’homophobie. Claire n’est pas épanouie par sa relation homosexuelle. » Elle aura des craintes concernant l’orientation sexuelle de son fils.
PIG, de Simon Boulerice – Mise en scène : Gaétan Paré – Distribution : Marie Charlebois, Violette Chauveau, Karine Gonthier-Hyndman, Philippe Robert et Gabriel Szabo.
Du 7 au 25 avril 2015 au Théâtre Prospero à Montréal (CANADA)
Source : LOUISE BOURBONNAIS pour Le Journal de Montréal du samedi 4 avril 2015.