Des dossiers y ont disparu, mais, plus grave, des corps humains auraient été détruits sur décision de justice. Une initiative qui, si elle est avérée, constituerait une faute grave. « Un corps humain n’est pas un scellé. Après son exploitation par la justice qui décide de son autopsie, il est rendu à la famille ou enterré sous X s’il n’est pas identifié », indique Guillaume Didier, porte-parole du ministère de la Justice qui ajoute : « Les familles des victimes ont le droit de savoir ce qui s’est exactement passé dans le traitement de ces affaires. »
« Fragments d’ossements »
En charge de plusieurs d’entre elles, Me Didier Seban attend de pied ferme les résultats de l’enquête interne. « Quand on a voulu à nouveau faire examiner un corps non identifié, on nous avait dit qu’il avait été détruit », dit-il en redoutant que plusieurs autres dépouilles aient subi le même sort à la suite d’une décision intervenue en 1998. Cette année-là, le service de médecine légale du CHU de Grenoble avait obtenu auprès de la justice l’autorisation de détruire diverses pièces dont une douzaine concernait des procédures sous X. En d’autres termes, des affaires dans lesquelles des victimes n’avaient pas été identifiées.
L’enquête administrative devra donc déterminer si, au cours de ce coup de ménage, des corps ont été emportés ou s’il n’y a pas eu de faute comme le suggère aujourd’hui le parquet général de Grenoble. Selon lui, seuls des « fragments d’ossements » retrouvés dans le Vercors ont été détruits. « Mais de quoi parle-t-on ? On nous avait parlé d’un squelette. Aujourd’hui on évoque des fragments osseux. Mais un bout de corps reste un corps », poursuit Me Seban consterné : « Tout cela démontre l’état de notre police criminelle. »
Lire la suite de l’article de Angélique Négroni sur Le Figaro.fr du 31/05/2010.