La naissance de Patrick la nuit de Noël de l’année 1951 est accueillie par ses parents comme un signe du ciel. Pourtant, quelques mois plus tard, le nourrisson est confié à l’Assistance Publique qui juge la vie de sa mère « dissolue » et le déclare « abandonné ».
Sa mère lui rendra toutefois plusieurs visites dans les différentes familles d’accueil où il est placé. En 1954, elle manifeste à l’Assistance son désir de reprendre son fils mais les services de l’Aide Sociale persistent à lui répondre que n’ayant jamais pris de nouvelles de son fils, elle a perdu ses droits de puissance paternelle sur lui et n’est plus en mesure d’être informée de son lieu de placement. Ils concluent toutefois qu’il est parfaitement « intégré » et « épanoui » dans son nouveau foyer.
En guise d’épanouissement, Patrick passe ses journées à travailler la terre Landaise où il grandit. « L’assistante sociale venait de temps en temps vérifier que tout allait bien. Elle disait à ma nourrice que ma mère était une prostituée et qu’elle m’avait abandonnée. Mais je ne la croyais pas ».
Dans le courant de l’été 1994, soutenue par Marcelle qui est devenue sa femme entre-temps, Patrick apprend que les enfants de l’Assistance ont désormais accès à leur dossier. Lorsqu’il ouvre l’épais classeur de sa vie, il fond en larmes. « Le premier document sur lequel je suis tombé était une photo de ma mère. Jusqu’à présent, je ne faisais que l’imaginer. Qu’est-ce qu’elle était belle ! »
La photo devient réalité en août 1995 lorsque Patrick rend visite à Ginette sur la Côte d’Azur, où elle vit depuis de nombreuses années. Née de père inconnue, élevée par une mère qui ne l’aime pas, Ginette lui raconte comment elle s’est battue, malgré son jeune âge, pour le garder. « Je n’avais pas les moyens de l’élever et ma propre mère s’est chargée d’en informer l’Administration. Tous les dimanches, j’allais signer mon autorisation à Denfert-Rochereau et j’allais voir mon fils à Villepinte. Un jour, j’ai trouvé la nounou en larmes : on venait de lui retirer Patrick pour le faire adopter ».
Remariée et cinq fois grand-mère, Ginette a toujours gardé une place pour Patrick dans son livret de famille. « Il fallait que j’aille à sa mairie de naissance pour faire remplir la page le concernant mais j’avais tellement peur qu’ils m’apprennent qu’il avait changé de nom ou qu’il était décédé que je n’ai jamais fait ces démarches. Je n’aurai jamais imaginé qu’avec le peu qu’il devait savoir de moi, il parvienne à me retrouver. C’est un miracle ».
Photo : L’article de presse de Nice-Matin sur les retrouvailles de Patrick et de sa mère Ginette, après 42 ans de séparation.