Béatrice voit le jour en 1953 à Neuilly. Seule sa mère, Louise, la reconnaît. Quelques mois plus tard, elle est adoptée. Sur son acte de naissance, Béatrice découvre que sa mère naturelle est femme de chambre en région parisienne. Une piste qui, près de cinquante ans plus tard, lorsqu’elle s’estime moralement prête pour la rechercher, n’est plus exploitable. Pourtant, Louise n’était pas loin …
C’est à Drancy, en région parisienne, que la mère et la fille se sont vues pour la première fois en juillet 2002. « Je lui avais simplement laissé un message la veille sur son répondeur en lui disant « C’est ta fille, Béatrice ». Et je me suis pointée le lendemain. Elle n’était pas chez elle. J’ai attendu toute la journée devant son immeuble, scrutant toutes les vieilles dames qui entraient. A 18 heures, au moment où je m’apprêtais à repartir, je l’ai vue arriver ». Louise, qui avait au premier abord « oublié » la naissance de cette enfant, s’est souvenue des circonstances difficiles qui l’ont conduites à l’abandonner et de l’homme avec qui elle l’avait conçue : elle-même délaissée par sa mère à l’âge de onze jours, Louise n’a jamais trouvé d’équilibre dans sa vie sentimentale. « J’ai connu la guerre, les camps de concentration, j’ai perdu un fils qui avait fait de la prison, la vie ne m’a pas gâtée … »
Bien qu’elles n’aient pas traversé la vie ensemble, Béatrice et sa mère se sont découvert les mêmes activités – toutes deux militantes pour la même cause – les mêmes goûts, les mêmes attitudes … Et une enfance semblable. On n’efface pas les gènes…